Nature mortifère
Takahata Mitsuki a le pouvoir d'éveiller ma curiosité par sa simple présence dans un drama. Rôles choisis avec soin, elle sait mettre à chaque fois une touche de folie et une grande part d'émotion dans ceux-ci, nous mettant autant le sourire aux lèvres que la larme à l'œil. Trop longtemps cantonnée aux jeunes candides aussi bien étudiante surprotégée, inexpérimentée dans la police, la médecine de campagne ou l'architecture, sa maladresse et sa fragilité l'ont rendu éminemment sympathique pour ceux qui ont un cœur et énervante pour tous les autres. Mais à maintenant 30 ans, des rôles de femmes déterminées, dans une vie active et un peu moins rose bonbon, manquaient à sa palette de couleurs. Et même, si l'ombre des couleurs de l'arc-en-ciel glisse sur ce drama portant sur l'art pictural et sa passion pour celle-ci, c'est bien des tons sombres voir noirs qui vont déborder de la toile que représente ce thriller plein de promesses.
Promesses, déjà, par la présence de vieux briscards comme les excellents Makita Sports, Moriguchi Yoko et surtout Matsushige Yutaka qui va montrer son côté le plus sombre malgré un sourire de façade. Un roman noir va se peindre devant vous avec une mise en scène digne des meilleurs primes de WOWOW pour ne pas dire film de cinéma. Même si la construction donne au début un air un peu fouillis, voir impressionniste vu d'un peu trop près, avec un patchwork de scènes entre Kyoto et Tokyo, passé et présent, les pièces s'assemblent au fur et à mesure du premier épisode, prenne du sens comme lorsque l'on s'éloigne de la peinture pour en apprécier l'ensemble pour finalement tisser des relations, on ne peut plus claires entre les personnages. Des relations toxiques, dans une famille dont les acteurs principaux se sont mariés, peut être pas pour les bonnes raisons. Ce plaçant dans le milieu très huppé des galeries ou des musées d'arts de Ginza, le thème est peu exploité, mais peut être vite écœurant vu les millions brassés et l'argent roi qui débordent de chaque scène à Tokyo.
Heureusement les œuvres sont bucoliques, les paysages de Kyoto, en particulier, ses riches maisons traditionnelles où l'intérieur est sublimé par une direction artistique qui touche au chef-d'œuvre pictural, raisonnent avec cette nature et cette simplicité. Mais le contraste en est que plus fort avec les personnalités noires des protagonistes et ce cadrage assumé d'un Tokyo froid et déshumanisé.
Tout le contraire de Sumire, actrice trop peu présente à la TV, rayonnante et mystérieuse par son côté enfantin qu'elle dégage et qui est l'autre bonne surprise de cette série en 5 épisodes. J'attendais, le retour de celle-ci, dans un rôle fort comme dans Aku no Hadou, je ne suis pas déçu. Troublante par son jeu et surtout son physique. Son regard est une plongée dans l'innocence et la pureté que dépeint ses tableaux. Ce halo de lumière dans ces pièces sombres aux couleurs sépias, font magnifiquement écho à ses œuvres dépeignant une nature originelle accrochées à des murs froids grisâtre.
Une esthétique renforcée à chaque épisode dans l'habitat, dans les jardins et dans les activités traditionnelles comme la calligraphie qui se retrouve magnifiquement mise en avant dès l'épisode 2. Ne parlons pas des costumes ou du langage honorifique présent dans chaque ligne de dialogue. Les mots accompagnent comme une douce musique les images, souvent en plans fixes rappelant la contemplation attentive d'œuvres picturales.
C'est en général, une attention particulière a été apporté aux sons. Si la musique est classique dans sa simplicité et dans son côté glaçant, les sons environnementaux ont vraiment une grande importance et apportent une deuxième couche à une ambiance déjà particulièrement étouffante.
Étouffant, onirique et surréaliste à la fois, c'est vraiment la force de ce drama d'exception au-delà de tout jugement esthétique ou scénaristique. Un coup de maitre qui doit influencer une génération de disciples dans le milieu très fermé des amateurs de séries TV.
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