Une intrigue originale mais un couple principal barbant
Je regarde pas mal de lakhorns mais d'ordinaire je ne commente pas, parce que bon... ce sont des lakhorns, quoi. Ils se laissent regarder, mais on ne va pas se mentir, la cinématographie ce n'est pas vraiment le fort des thaïs. Que ce soit au niveau du jeu d'acteur (ou plutôt du surjeu), de l'intrigue souvent mal ficelée, des prises de vue pas géniales, des musiques répétitives omniprésentes, des moments WTF où on trépigne devant son écran en criant "mais vas-y, sauve-toi débile!" parce que les persos passent des heures à larmoyer et peinent à se bouger les fesses alors ça urge et qu'ils sont en danger de mort, voire oublient des éléments essentiels dans des moments cruciaux (tiens par exemple, ces crétins oublient de prendre une pioche pour aller délivrer une femme qu'ils savent enchaînée, du coup ils laissent le temps aux méchants d'arriver c'est ballot !) bref, les lakhorns sont aussi longs que sources de frustration. Mais contrairement à leurs voisins asiatiques ils ne sont pas formatés pour plaire à une clientèle internationale (à une exception près : les BL qui ne suivent pas exactement le même cahier des charges, et désormais davantage pensés pour être exportés) donc on va leur pardonner parce qu'on y trouve des moments sympas quand même, il y a plein de péripéties en tout genre et ça reste très romantique, même si c'est très vite oubliable.Et puis il y en a qui sortent un peu du lot, comme celui-ci. D'une part parce qu'il se passe dans une région éloignée de Bangkok, j'y connais rien mais bon ils ont un dialecte particulier, des costumes et des traditions qui nous changent de l'ordinaire, et puis les personnages ne m'ont pas semblés aussi formatés que d'habitude, un peu moins clichés quoi. Quant à l'intrigue, elle donne à l'histoire une ambiance particulière qu'on retrouve dans les romans gothiques à la Ann Radcliffe (parodiée par Jane Austen dans Northanger Abbey), Charlotte Brontë ou Daphné du Maurier : un domaine rempli de secrets au passé sanglant, une bande de malfaiteurs au service de dangereux maîtres de maison, des enlèvements, des meurtres, du poison (dommage que ce point n'ait pas été davantage exploité), une mystérieuse femme masquée et emprisonnée qu'on prétend folle, un bijou disparu qui attire toutes les convoitises, des passages secrets et des coups bas à foison, une héroïne en danger reliée à un secret de famille... On va dire que c'est surtout cette atmosphère qui a attiré et maintenu mon attention. C'était bancal, souvent frustrant ("alleeez, dépêche avant que les méchants débarquent !!! Et mince, trop tard..."), mais plein de bonne volonté donc ça se laisse regarder.
Par contre, je dois avouer que la romance principale est d'une platitude exaspérante, je ne me suis jamais autant ennuyée devant un couple que devant celui-là. C'était chiant, niais, convenu, je n'ai ressenti aucun intérêt pour ces personnages à part pour les suivre pendant qu'ils résolvaient le mystère, bref ils m'ont tellement saoulée qu'à chaque scène censée être romantique entre eux, je prenais mon téléphone portable pour jouer au "2048". C'est vraiment dommage parce que j'étais impatiente de revoir Kitkong Khamkrith qui interprétait le rival du héros dans "Karn La Krang - Once upon a time in my heart", un des premiers lakhorns ayant fait office de porte d'entrée dans ce genre pour beaucoup d'entre nous. Hélas, ce rôle très plat et sans personnalité ne lui rend pas justice. Le couple qui m'a vraiment donné des papillons dans le ventre était celui formé par Pinnaree (la fiancée du héros) et Joom (le meilleur ami de l'héroïne), que j'aurais aimé voir plus souvent à l'écran. Quant au couple du flic sous couverture et de la cousine, il était sympa sans plus, et j'aurais davantage apprécié notre flic si son déguisement de hippie chevelu avait été moins ridicule. En tout cas malgré un jeu d'acteur pas terrible comme d'habitude, je ne serais pas contre revoir les deux interprètes de Pinnaree et Joom, que j'ai trouvés fort sympathiques et aux personnalités bien moins creuses que nos héros.
On reconnaît ici ou là certains décors (je suis sûre d'avoir aperçu le hall de l'aile occupée par Nisira et Prakasit dans To Sir with Love), certaines musiques (dans la dernière partie, une mélodie triste entendue dans KinnPorsche au moment du craquage de Pete) et bien sûr, l'omniprésent Pete Tongchua qui affiche une bonne tête de méchant dans tous ses rôles. Les décors ne sont pas spécialement logiques (cette barraque est censée se trouver près de la mer, ce qu'on ne voit pas en vue aérienne, d'autre part la femme masquée dort soi-disant dans une tour ronde alors que sa chambre est carrée) et des éléments du scénario n'ont pas été assez réfléchis (comment se fait-il que tout le monde puisse entrer et sortir sans clé de la fameuse chambre de la folle, qu'on retient pourtant prisonnière, et de celle de sa garde-malade attenante ? C'est à se demander pourquoi la malade n'a jamais réussi à prendre la fuite). Bref, plein de trucs qui nous font lever les yeux au ciel, mais on passera aisément dessus parce qu'hormis le couple principal barbant, on ne s'ennuie pas trop et les péripéties sont nombreuses.
A voir donc, mais surtout pour les fans de lakhorns prêts à oublier les incohérences, cherchant un scénario un peu différent et une intrigue qui rappelle les romans gothiques d'autrefois.
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